Guide D'Un Astronaute Pour La Vie Sur Terre by Chris Hadfield

Guide D'Un Astronaute Pour La Vie Sur Terre by Chris Hadfield

Auteur:Chris Hadfield [Hadfield, Chris]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman
ISBN: 9782764810286
Amazon: 2764810288
Éditeur: Libre Expression
Publié: 2014-12-14T22:00:00+00:00


8

Comment se faire enguirlander

(et se sentir bien le lendemain)

À Baïkonour, les hivers ne sont jamais doux, mais en 2011, il a été particulièrement rude. Au cours des cérémonies précédant le lancement qui a eu lieu en décembre cette année-là, le vent glacial soufflait la neige dans toutes les directions et transperçait les épaisseurs de tissu, de caoutchouc et de métal des combinaisons des astronautes. Lorsqu’ils ont pénétré dans leur fusée Soyouz, ils étaient transis de froid. C’est pourquoi les Russes ont adopté des mesures pour contrer ce problème à notre lancement l’année suivante. Ils ont conçu une espèce d’habit de neige rembourré, un vêtement complexe comportant plusieurs éléments qui se fixaient comme une armure par-dessus notre combinaison au moyen de boutons-pression. Tom, Roman et moi doutions de son confort. En plus de porter une couche, il fallait nous envelopper d’édredons géants ?

Nous nous trouvions dans la salle d’habillage, un édifice d’apparence industrielle quelconque sur le chemin menant au pas de tir. Nous avions déjà enfilé nos Sokol avec l’aide de techniciens spécialisés. Ce mot russe qui signifie « faucon » désigne le vêtement porté à l’intérieur d’un vaisseau. Comme la combinaison semi-pressurisée de couleur orange vif utilisée dans la navette, le Sokol nous protège au décollage et à l’atterrissage, mais ne sert pas pour les sorties spatiales. Après avoir vérifié que nos combinaisons ne présentaient aucune fuite et pouvaient donc nous garder en vie dans l’éventualité d’une dépressurisation du Soyouz dans l’espace, les techniciens nous ont enveloppés dans nos « habits de neige » qui nous ont bien fait rire. Lorsque nous avons fini par émerger de la porte latérale de l’édifice en marchant comme des canards, nous avions l’air du Bonhomme Michelin. Pour compléter le portrait, nous tenions ce qui ressemblait à d’énormes coffres à outils en aluminium qui contenaient nos ventilateurs.

Nous avions encore l’impression de jouer à l’astronaute, comme nous l’avions fait durant des années. Mais cette fois, un autobus nous attendait pour nous transporter vers le pas de tir. Et nos proches, nos amis et des représentants des agences spatiales canadienne, américaine et russe étaient massés derrière un cordon pour admirer des astronautes-sur-le-point-de-s’envoler-dans-le-ciel en grande tenue. Le ciel était limpide et le soleil brillait avec éclat, mais l’air était mordant. Je me suis retourné en entendant mon nom et j’ai repéré, l’espace d’un instant, des visages familiers dans la foule. Quelques minutes plus tard, nous étions assis dans l’autobus et les saluions de la main, bel et bien pour la dernière fois avant notre départ. Nous ne reverrions pas ces personnes de sitôt. Peut-être même jamais. Nous étions sur le point de faire quelque chose de beaucoup plus risqué que voyager à bord d’un avion. J’avais la quasi-certitude que je serais encore en vie à la fin de la journée, mais je tenais tout de même à laisser à mes proches une image qui ne soit ni trop sombre ni trop désinvolte. En agitant la main tandis que l’autobus s’en allait lentement, j’espérais montrer mon état d’esprit



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